Je les garderai dans un coin de ma tête, les ressortirai du placard pour y revenir et en être nostalgique. Mes cheveux se hérisseront, avec un peu de honte, comme si j'essayais de contenir cette immense joie et me modérer, sans l'ombre d'un seul regret, je serai déjà trop vieux et mes rêves m'auront porté déjà si loin, en attendant cette conscience se portera pour chercher de nouveaux acteurs, de nouveaux lieux, car je suis la caméra. Le fait de n'avoir rien à filmer à penser est pire, la terreur du vide existenciel en quelque sorte.
Les meilleures circonstances n'étaient pas réunies, ou alors je n'ai pas su en tirer avantage. Je continuerai sans relâche à chercher de nouveaux plans, de nouveaux acteurs, car le film est dans un film de tant d'autres, s'il y a un moi que je connais, alors il y a une infinité d'autre moi par le biais d'autrui, tout comme il en va des autres. A travers ces scènes durement chapotées, j'aurai mené de grandes batailles, en obtenant non seulement de belles victoires, mais j'aurai aussi essuyé de succulentes défaites, marqué par des cicatrices, preuves qui sont restées des épreuves endurées, si je regardais en arrière, il y aurait beaucoup trop de joie et de tristesse mêlées, de vengeances prenantes et d'amours inaccomplis, tant donné jamais retourné, car je n'en attends plus rien en retour. Quant à la vengeance elle ne m'apporterait que plus de poussières de néants. Les scènes d'autrui sont probablement douloureuses également, mais ce n'est pas à moi d'en tirer un jugement, ni d'en faire un bilan.
Je me décide, mon choix a toujours été le même, Batto naviguera encore et encore car il n'est que question de voyages, d'aventures, et de cheminements. Naviguer seul au début mais jamais indéfiniment. Arrivé à bon port, y aura t-il quelqu'un qui m'attende et tendra son mouchoir pour me faire signe? Je rendrai ce signe par un tendre sourire.
La mort, compagnie de tous les instants, c'est elle qui coupera net de sa faux, au moment voulu l'enregistrement, tout deviendra noir, enveloppé par les ténébres, le fil de ma vie aura son dénouement, avec à la clé beaucoup de réponses, mais surtout des questions, des mystères à ce jour restants indécelables, cette vie à laquelle nous nous confrontons à un sens: celui qu'on lui donne. On vit d'abord on détermine ensuite, mais quand on ne sait ou on va, on s'y dirige tout de même, le plaisir du voyage n'est pas dans la destination mais il réside durant tout le long du chemin. On peut marcher droit pendant un long moment, or le prochain pas peut nous coûter cher.
En fin de compte, marqué des airs de solitude, ou même des airs d'indépendance, cela revient au même: au fond on est toujours tout seul. Il y a tant de gens qui aimerait parvenir à cet état avec une âme à laquelle ils peuvent se fondre, voir se confondre...
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